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Les routes torrides de la Grèce

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À l'Albanie succède la Grèce. Du petit pays rural au tourisme quasi inexistant, nous passons à ce mastodonte du tourisme, ce pays incarnant l'antiquité à lui seul, aux imaginaires de littoral rocheux, d'îles paradisiaques, d'églises blanches à toit bleu. L'aperçu de trois semaines que nous en aurons sera en réalité bien éloigné de ces aprioris.

Carte du trajet Grèce

Près d'un an après la fin de notre voyage, la nostalgie de l'ailleurs me pousse à reprendre notre récit inachevé. J'espère que le plaisir que vous aurez en lisant notre voyage ne sera pas altéré par cette postériorité.

Chauds chauds les Moudujnou

Depuis notre départ en mars, notre voyage s'est fait sous une météo parfaite : ni trop chaud, ni trop froid, et seulement quelques jours de pluie - un printemps exceptionnel. Depuis une semaine en Albanie, soit début juin, nous ressentions les premières vraies chaleurs. Couplées aux reliefs traversés, nous commençons à suer. Mais rapidement, en Grèce, la chaleur devient fournaise. Les jours en deçà de 30 °C deviennent rares, et au-delà de 35 °C communs. Nous cuisons. Il fait si chaud que chaque coup de pédale devient plus dur, nous sommes fatigués et tendus toute la journée.

Ces températures nous ont convaincus d'adapter notre itinéraire à venir. Impossible de continuer plus au sud, nous traverserons le nord de la Grèce vers l'est en espérant que ses montagnes nous apporteront un peu de fraîcheur. Nous réservons le sud de la Grèce pour plus tard.

Les montagnes du nord

Nous quittons rapidement la côte pour nous enfoncer dans les terres en direction du parc national de Βίκος (Vikos). Le relief est bien présent, mais les paysages en valent l'effort, nous descendons dans les vallées puis remontons toujours plus haut avec des vues magnifiques. Nous nous retrouvons plusieurs fois au milieu de troupeaux de grandes chèvres gardées par des chiens plutôt agressifs.

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Avant d'arriver à Ζίτσα (Zitsa) un orage nous tombe violemment dessus, en quelques minutes, nous sommes tout humides malgré les vêtements de pluie. Nous trouvons la terrasse abritée d'un café fermé où nous attendons une heure que le temps se calme. Nous reprenons ensuite la route pour rejoindre la maison de Kosta (grec) et Anna (américaine), les Warmshowers qui nous accueilleront deux nuits.

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Le lendemain, c'est mon anniversaire et nous nous rendons au canyon de Βίκος (Vikos). La route qui y mène nous offre un décor montagneux embrumé et féerique. Nous randonnons pendant 6 heures entre ces falaises orangées de 1500 mètres de haut. Les panneaux affichent fièrement que ce canyon est le plus profond du monde en proportion largeur et hauteur du gouffre. Les sites touristiques trouvent souvent le moyen de battre des records.

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Joshua nous sert de chauffeur ce jour-là, pour nous déposer d'un côté du canyon et nous récupérer au bout en fin de journée. Ami de Kostas, Joshua est anglais, traducteur et guide touristique. Il est expatrié en Grèce depuis la fin de ses études. Au retour, il nous fait visiter les alentours. Les montagnes sont magnifiques et nous retrouvons de beaux villages authentiques anciens, nous n'en avions presque plus vus depuis la Croatie. De retour chez Kostas et Anna, nous nous délectons des petites merveilles confectionnées dans leur boulangerie. Après tous ces pays traversés ne proposant que du pain de mie ou des pains moyens et secs, nous savourons ce pain issu de la meilleure boulangerie de notre périple entier !

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Le lendemain, départ pour la ville de Ιωάυυιυα (Ioannina). En arrivant, alors que nous roulions tranquillement, notre roue arrière se dégonfle soudainement et bruyamment. Nous mettons quelques secondes à comprendre que notre jante est cassée au niveau de la soudure. La tuile. Un peu tendus, nous préférons aller manger tranquillement avant de résoudre le problème.

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Une fois le ventre plein, nous sommes prêts à rechercher un atelier vélo. Sauf que... Nous découvrons que dans ce pays, les magasins sont fermés le samedi après-midi et le dimanche. Entre autres. La réparation attendra donc lundi.

Nous passons quelques jours à visiter cette jolie ville fortifiée, un peu contraints tout de même, disons-le. Nous profitons de tout ce temps et de la mezzanine de l'appartement que nous louons pour prendre une superbe photo de notre matériel.

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Lundi, nous faisons le tour de tous les vélocistes de la ville. À la fin de la journée, il faut se rendre à l'évidence, personne n'a de roue solide qui pourrait convenir à un tandem de voyage. La meilleure solution semble être de changer uniquement la jante, et non toute la roue, car l'axe et les rayons que nous avons sont de bonne qualité et en bon état. Comme nous sommes obligés de commander une nouvelle jante, nous préférons la recevoir à Θεσσαλουίκη (Thessalonique) où nous serons dans quelques semaines pour ne pas rester bloqués ici. En attendant, nous achetons une roue d'occasion basique pour faire ces quelques centaines de kilomètres, en espérant qu'elle tienne le coup.

Notre nouvelle roue fragile montée, nous reprenons la route vers le très beau lac Αώου (Aoou), en altitude, qui a des airs de Canada par sa couleur turquoise et ses sapins. Nous rencontrons en chemin un cyclo-voyageur musicien français, Carl, avec qui nous pédalons une heure. Lorsque nos chemins se séparent, l'ascension devient ardue : pente très raide et chemin complètement pourri (terre, cailloux, béton déversé sauvagement). Le chemin le plus difficile que nous ayons jamais monté.

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Sur ce plateau à 1 400 m d'altitude, nous nous faisons courser par des groupes de gros chiens de bergers (principalement landseer) pas commodes du tout. Aucun homme à l'horizon pour les rappeler, nous nous faisons quelques frayeurs... Nous rencontrons au bout du lac un couple de cyclo-voyageurs suisses qui nous explique qu'il suffit de poser le pied à terre pour que les chiens se calment instantanément. Nous appliquons leurs conseils quelques mètres plus loin et effectivement, la technique fonctionne comme par magie !

Après avoir parcouru beaucoup de kilomètres dans les montagnes et franchis de nombreux cols nous descendons jusqu'aux célèbres Météores. Ces roches sortent comme par magie des entrailles de la Terre sur 600 m de hauteur. Le paysage est impressionnant. Nous visitons quelques-uns des monastères orthodoxes accrochés à ces falaises. Entre deux, je me rafraîchis avec de délicieux "espresso freddo" (café glacé) si agréables avec cette chaleur qui nous assomme depuis que nous ne sommes plus en altitude.

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Les plaines infernales de l'est

En partant des Météores, nous arrivons brutalement dans une très grande plaine aux routes lisses, nous en profitons pour rouler à fond les ballons, un vrai plaisir !

Nous passons une superbe soirée hébergés dans le jardin d'une famille qui nous offre le repas et avec qui nous échangeons toute la soirée. Nous repartons avec tomates, poivrons et melon plein les sacoches.

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La traversée de cette grande plaine agricole qui nous réjouissait au début pour ses routes plates se transforme rapidement en cauchemar, il fait 40 °C, on étouffe ici. Chaque robinet ou tuyau d'arrosage sert à nous asperger d'eau tout habillé. Nous séchons en 20 minutes chrono sur le vélo. Nous changeons de rythme : la pause du midi s'éternise, nous nous arrêtons pendant 3 à 5 h pour laisser passer les heures les plus chaudes. En plus de ces températures infernales, nous souffrons des moustiques et autres insectes depuis notre tout premier jour dans le pays, à croire qu'ils nous attendaient bien sagement à la frontière. Les cigales font un boucan jour et nuit, à en devenir insupportable, on est loin de la douce ambiance méditerranéenne à laquelle on pense. Les rares moments où nous rentrons dans un bâtiment nous donnent une sensation de calme surprenante. Dans la tente, nous bouillons, les nuits sont difficiles et les siestes impossibles. Nous sommes fatigués et sous tension.

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Nous sortons de ces plaines en rejoignant la mer Égée à Βόλος (Volos). La température ne s'adoucit pas, et nous renonçons à parcourir la péninsule de Pélion, à l'ouest, au vu des fortes pentes à grimper. Impossible avec cette chaleur. Nous passons une matinée à chercher s'il est possible de louer un scooter pour laisser notre vélo le temps de la balade, mais l'affaire semble impossible ici. Tant pis pour cette péninsule ! J'ai l'idée d'acheter une toute petite enceinte pour écouter de la musique sur le vélo. Nous avons une radio pour capter les musiques locales, mais j'apprécie aussi d'écouter les morceaux qui me sont chers. Un excellent investissement qui nous servira beaucoup pour la suite du voyage !

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À Χλόη (Chloi) nous pensons dormir dans le parc du village, les habitants n'y voient aucun inconvénient. Personne à l'horizon, une nuit tranquille se profile. Sauf qu'à la tombée de la nuit, hommes, femmes et enfants font tous leur apparition. Impossible de rester, nous rangeons nos affaires pour aller ailleurs. Une horde d'enfants nous entoure et nous fuyons l'endroit poursuivis par une fillette à trottinette électrique. Nous finissons par trouver un beau verger d'amandiers plusieurs kilomètres après, nous nous installons alors que le soleil est déjà bas.

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En longeant la côte vers le nord, nous apercevons le mont Olympe se dresser dans le paysage. Nous visitons plusieurs sites archéologiques dans la région dont le grand site de Δίου (Dion) : une ville antique et un important centre religieux. Je suis fasciné par la finesse de l'orfèvrerie exhumée des sépultures et par les très belles mosaïques des bains.

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Nous passons plusieurs nuits dans les vergers d'oliviers et d'amandiers, bonnes planques dans ces grandes plaines. En traversant une zone marécageuse, nous avons des difficultés à trouver une bonne eau : tout le monde tire son eau de puits, sauf qu'elle sent l’œuf pourri et que la surface est irisée, nous n'avons pas confiance. Vu les champs partout, l'eau doit être pleine de pesticides et autres cochonneries.

En arrivant à Θεσσαλουίκη (Thessalonique), nous visitons la ville, ses ruines, ses églises et apprécions également le musée de la culture byzantine où nous voyons de superbes mosaïques, tombes peintes, poteries et bijoux.

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Enfin, nous récupérons notre nouvelle roue fraîchement montée à Action Bike Club, elle a l'air bien robuste ! La roue de dépannage que nous avons utilisée pendant deux semaines est en fin de vie : beau voilage, jeu dans l'axe de roue... Il était temps d'arriver. Les frères qui tiennent le magasin sont très sympas, nous immortalisons le moment avec une petite photo à ajouter dans leur collec' des voyageurs à vélo passés par là.

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Après deux nuits à Θεσσαλουίκη (Thessalonique) nous nous remettons en route pour les grottes de Petralona. En milieu de chemin, nous nous rendons compte qu'elles sont fermées depuis un an. Changement de cap ! On est plus a deux heures près.

La chaleur persiste malgré le gain d'altitude, mais les paysages sont à nouveau au rendez-vous, de quoi en prendre plein les yeux. Nous nous orientons progressivement vers la Bulgarie, car la famille d'Aurélie nous rejoindra dans 2 semaines à София (Sofia) pour pédaler à nos côtés.

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Nos 3 derniers jours en Grèce seront nuageux, un vrai bonheur ! Les moustiques ont l'air également heureux de la nouvelle météo, nous nous faisons particulièrement attaquer ces derniers jours. Un soir, Aurélie souffre d'une petite intoxication alimentaire/eau qui heureusement passe rapidement. Pour finir notre séjour en Grèce nous visitons la petite ville de Σέρρες (Serres) que nous trouvons très agréable.

Pour franchir la frontière vers la Bulgarie, nous avons le choix entre une très longue route de montagne ou une route beaucoup plus directe, mais au revêtement sableux pour longer une autoroute. Dans tous les cas, nous serons obligés de prendre un tout petit morceau d'autoroute juste avant la frontière. Nous optons pour le petit chemin, trop impatients d'arriver en Bulgarie et trop fainéants pour escalader la montagne avec la chaleur.

Un berger à cheval nous barre le chemin quelques instants, nous ne comprenons absolument pas ce qu'il nous dit. Nous tentons de lui expliquer que nous passons par ici pour éviter l'autoroute, ses chiens nous encerclent en nous aboyant dessus. Il n'a pas l'air de nous comprendre non plus, mais finit par nous laisser passer. Après le pédalage rude dans cette piste sableuse, nous arrivons sur cette autoroute que nous n'empruntons que quelques minutes. Par chance, une grande bande de béton de récupération d'eau est présente après la bande d'arrêt d'urgence, nous roulons bien loin des voitures. Au péage, la dame nous laisse passer sans avoir l'air surprise, nous ne devons pas être les premiers à passer ici à vélo.

Quelques kilomètres plus loin, la Bulgarie nous ouvre ses bras. Ya sas la Grèce (au revoir), les souvlakis et autres grillades en tout genre, les cafés glacés, les sites antiques en pagaille et l'alphabet grec. Nous ne sommes pas mécontents de quitter le pays, nous prions pour des températures plus clémentes de l'autre côté de la frontière.

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