Dans cet article, vous découvrirez nos joies, nos peurs, nos rencontres et rebondissements inattendus dans ce pays incroyable qu'est la Bosnie-Herzégovine.

Comprendre la Bosnie-Herzégovine

La Bosnie-Herzégovine (ou plus justement Bosnie-et-Herzégovine) est un pays complexe, à la structure étonnante. Il est composé de trois "ethnies", principalement définies par leur religion, tous bosniens :

• les Bosniaques, de confession musulmane sunnite ;
• les Croates, de confession catholique ;
• les Serbes, de confession orthodoxe.

Ces trois communautés vivent désormais en paix et en bons termes dans le pays, bien que la guerre des années 90 ait provoqué des rassemblements ethniques peu mixtes en certains endroits. Nous traversons parfois un village rempli de mosquées, alors que le village précédent était rempli de chapelles.

Ces trois peuples sont mentionnés dans la constitution du pays, il s'agit des peuples constitutifs. Problème : certaines personnes nées de mariages mixtes, chose courante ici, ne s'identifient pas à une ethnie. Or lors des élections du pays, on élit le president de l'ethnie dans laquelle on se situe. Les 3 presidents gouvernent à tour de rôle en changeant tous les huit mois.

Nouvelle complexité, le pays est scindé en deux entités autonomes, la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine et la République Serbe de Bosnie.

Vous l'aurez compris, rien n'est simple ici. Pourtant, les communautés vivent en paix, la mixité et la tolérance font désormais partie du quotidien. La guerre qui a ravagé le pays trente ans auparavant est encore dans toutes les mémoires, et les cicatrices laissées dans chaque camp laisse apparaître une unité, la Bosnie-Herzégovine.

Vivre la Bosnie-Herzégovine

Après avoir passé la frontière, la première différence frappante que nous constatons avec les pays précédents est le nombre de plaques mortuaires sur les bords de route. Heureusement pour nous, nous ne nous sentons jamais en danger et les automobilistes nous doublent avec une belle distance de sécurité, mais le port de la ceinture de sécurité n'a pas l'air généralisé. Aussi, couper les virages sans aucune visibilité est monnaie courante. Les automobilistes sont plutôt chaleureux avec nous, les klaxons de salutations et encouragements font partie du quotidien.

En terme de paysages, nous passons notre temps à sillonner des vallées, ou bien à franchir des cols pour passer à la vallée voisine. De très beaux panoramas s'ouvrent à nous, même si quelques déchets sur les bords de route viennent casser la magie de certains endroits.

Une belle nature, mais des villes pas très charmantes : toutes les villes se ressemblent et se composent de gros buildings en béton, avec des couleurs pâles et grises. Les campagnes semblent assez peu habitées, les gens vivent principalement en agglomération.

Dans le village de Pribilović, collé à la ville de Novi Travnik, nous nous faisons héberger par la famille Stanić. Nous demandions un coin de jardin pour planter la tente, et nous recevons tout : un repas de festin, un lit, une douche, un petit-déjeuner, et surtout une soirée extraordinaire en leur compagnie. Ivan, la vingtaine, vit dans la maison voisine de ses parents et est footballeur professionnel. Il parle très bien anglais contrairement à la majorité des Bosniens, nous échangeons donc sur la vie des jeunes dans le pays.

Parmi les choses qui nous marquent, il nous apprend que les Croates (bosniens catholiques) reçoivent de la part de la Croatie des passeports, ce qui leur ouvre la porte de l'Union Européenne. Beaucoup de jeunes croates vont donc travailler dans des pays européens riches comme l'Allemagne, chose impossible pour les deux autres ethnies bosniennes.

Des membres de la famille et amis nous rejoignent au cours de la soirée, nous sommes une vraie animation et fierté pour le village. En l'espace de 2-3 heures, une publication sur nous sur la page Facebook du village reçoit 200 likes, nous nous sentons l'âme de stars. Ils nous offrent t-shirt et blasons à l'effigie du village.

C'est une rencontre que nous garderont très longtemps dans nos cœurs.

Le lendemain, nous prenons la direction de Zenica sur les recommandations de la famille. Sur la route, la pittoresque ville de Travnik. Nous retrouvons l'oncle d'Ivan à Zenica en terrasse, Siba, qui nous offre le café ainsi qu'un sac plein de courses, on peut dire que nous ne nous attendions pas à une générosité comme ça en dehors d'un foyer. Une personne très drôle et très intéressante. Il nous guide à vélo vers la sortie de la ville pour suivre la "vieille route" qui mène vers Sarajevo. Encaissée dans une vallée et parallèle à une autoroute, on profite de ce revêtement en parfait état, de l'absence de voitures et d'une vue incroyable.

Après un passage bien VTT, nous arrivons dans Kakanj où nous visitons le musée municipal (vide) escortés de trois dames. L'une connaît l'exposition et ce qu'il y a à en dire, l'autre parle anglais et nous sert d'interprète. Quant à la troisième, elle nous prend en photo et discute avec les deux autres quand elles ne nous donnent pas d'explication. Suivis par ce cortège et pris en photo, nous nous sentons plus attraction touristique que le musée.

En fin de journée, nous arrivons à Visoko où nous visitons des tunnels en cours d'excavation qui sont censés mener à l'intérieur de la plus grande et la plus ancienne pyramide du monde. Après avoir fait des petites recherches, le tout nous a l'air d'être une grande fumisterie, une attrape touriste. Il ne s'agit que d'une montagne avec une face qui ressemble un peu à une pyramide.

Arrivée à Sarajevo où on se fait offrir le café par un grand cycliste, Jasmin, interpellé par notre tandem.

La ville est un mélange représentatif de la Bosnie, avec son vieux centre qui ressemblerait presque à un souk, son quartier austro-hongrois, ses différents lieux religieux ou encore ses HLM et gros buildings modernes. Nous sommes toutefois déçus par rapport à tout le bien qu'on nous a dit de cette ville. Je pense que les gens qui nous en ont parlé n'ont pas vu autre chose que Sarajevo en Bosnie-Herzégovine, et ils ont été séduits par ce melting pot. Pour nous, ce melting pot n'est pas propre à la ville, mais à tout le pays que l'on sillonne depuis plusieurs jours.

La ville de Mostar nous charme davantage. Nous y passons une superbe soirée chez un couple de Français expatriés qui accueillent en même temps que nous trois motards français.

Nous passons une soirée aux chutes de Kravica en compagnie de cyclo-voyageurs russes que nous avons croisé plusieurs fois les jours précédents, ils tournent trois semaines dans les Balkans. Ce soir-là, nous apercevons une salve de 50 satellites du projet SpaceX dans le ciel. 50 points lumineux alignés qui défilent, et qui réapparaissent régulièrement après avoir fait le tour de la Terre. On se croirait dans un film de science-fiction.

Nous connaissons quelques jours de fortes chaleurs, sans vent et en montée, nous décidons d'adapter nos journées : réveil très matinal et longue pause le midi aux heures chaudes, parfois accompagnée d'une sieste.

La mise à l'épreuve de notre vélo

Rapidement, nous rencontrons notre premier vrai problème mécanique, la roue arrière est complètement voilée, car nos rayons sont desserrés. En 2 semaines, je redresserai la jante à peu près 5 fois jusqu'à trouvé la bonne tension de rayons pour qu'ils ne se desserrent plus, et pour qu'ils ne cassent pas de surtension non plus (pas rare sur les tandems). D'une heure, je suis passé à quelques minutes pour réviser le rayonnage d'une roue, on peut dire que je commence à avoir le coup de main.

Peu de temps avant de quitter le pays, nous tordons certaines vitesses de notre cassette, problème rarissime - sauf sur les tandems vu la force double exercée. Chanceux dans le malheur, nous sommes à 400 m d'un magasin de vélo qui nous commande une pièce de remplacement qui arrivera 2 jours plus tard. C'est reparti pour un tour. Après avoir adoré ce pays qu'est la Bosnie-Herzégovine, direction : Dubrovnik (Croatie) et le Monténégro.